25.7.05

Pan sur le « modèle » social !

Dans Capital du mois d’août, dossier spécial « 1945-2005 : les 60 ans qui ont révolutionné la France ». Un dossier coincé entre la nostalgie et l’angoisse : notre « modèle économique et social unique » ne marche plus, concurrencé par un « modèle libéral » en pleine forme.

Etonnant qu’on dresse aujourd’hui seulement ce constat, repris par tous les éditorialistes, alors qu’il y a 30 ans que ça dure et que les libéraux n’ont cessé de répéter ce que tout le monde trouve à présent évident : trop d’Etat et de réglementation, pas assez d'initiative individuelle.

Philippe Eliakim explique comment on en est arrivé là : depuis la Libération, les Français ont demandé toujours plus de protection, de prestations, de réglementation, bref toujours plus d’Etat, et le pouvoir, voyant là une façon de se consolider, s’est toujours empressé de répondre oui. Le pli fut pris dès 1946 : comités d’entreprise, Sécu, allocations familiales, ENA, Commissariat au Plan (et cela devait se continuer avec des décennies de soi-disant « progrès social » imposé : SMIC, congés payés, assurance chômage, jusqu’aux 35 heures). La croissance des « 30 glorieuses » a permis de financer tout cela grâce à des prélèvements obligatoires toujours en croissance eux aussi. Puis ce fut les 30 piteuses, avec aujourd’hui une dette à 65% du PIB, le chômage, l’ascenseur social bloqué. Non pas qu'on soit plus bêtes que les autres : Capital consacre quelques pages aux inventions françaises, qui tombent à l’eau faute de financement ou sont étouffées par la bureaucratie publique.

Faut-il donc mettre le modèle français à la retraite, se demande Capital ? D’après Jacques Marseille, ce modèle est mort il y a vingt ans ; sa clé de voûte était (et reste) l’Etat et ses fonctionnaires, qui pourvoient à tout (même à la réglementation de la pause casse-croûte des manoeuvres du bâtiment) ! Un modèle qui d’après Marseille « ressemble étrangement à celui de l’Union soviétique – sans les horreurs du goulag », pimenté d’inflation et de protectionnisme. Le défi est bien de sortir du tout-Etat.

Nicolas Baverez identifie les causes, selon lui, du déclin français : schizophrénie, malthusianisme, clientélisme, c'est-à-dire : politiques incohérentes qui « stérilisent les cerveaux », « partage » du travail, système fiscal et social confiscatoire, explosion de la dette publique, exode forcé des facteurs de richesse.

Elie Cohen souligne, lui, l’échec du colbertisme et l’absence de stratégie de développement industriel telle que celle du « modèle de la Silicon Valley », modèle financé par le capital-risque et la Bourse, remplacé en France par un saupoudrage financier de l’Etat.

Pour terminer, Guy Sorman se contente d’imaginer une France qui se serait coupée de l’Europe en 1958, et c’est savoureux : Renault associé à Trabant produit une voiture à deux temps, et Simca une 3CV ; l’emploi est garanti à vie ; le franc n’est pas convertible ; il n’y a plus de banques, que des Caisses d’épargne ; l’inflation est à 14% ; les Français sont les plus pauvres d’Europe, mais il n’y a pas de chômage ; la télévision est encore en noir et blanc, et pour voir de la couleur il faut s’exiler en Angleterre (en ferry, car il n’y a pas de tunnel et le service des Caravelles d’Air France a été interrompu par manque de pièces détachées). Le petit-fils du général de Gaulle est au pouvoir (avec Jean-Louis Debré à Matignon) et se demande comment réagir contre une invention américaine diabolique : Internet ! Seul point positif : la France reste le centre de la gastronomie mondiale, et on vient de loin pour visiter ce bien curieux endroit...
 

17.7.05

Pour les touristes qui viennent en France

Ainsi donc vous avez choisi cette année de ne pas partir en vacances à Miami Beach, mais d'aller visiter un de ces pays étranges d'Europe. Bienvenue en France, dernier pays soviétique au monde !

Votre ambassade a dû vous avertir que la France est une destination à peu près sûre, bien que de temps en temps elle soit envahie par l'Allemagne (mais un tunnel a été récemment construit pour rejoindre l'Angleterre et permettre au gouvernement de se réfugier à Londres en cas de besoin).

La France a un patrimoine historique très riche, mais délaissez les musées et visitez en priorité EuroDisney, c'est le seul endroit où le client a droit à quelques égards. Il faudra vous habituer aux coutumes françaises - vous verrez, les Français aiment faire la fête, de préférence les jours fériés (nombreux) et les jours de grève (nombreux aussi).

D'autres avant vous ont subi le choc culturel, et en ont réchappé. Je vous recommande un livre d'initiation à la France : Heureuse comme une Américaine en France" ("French toast" en anglais, c'est à dire "pain perdu"). Son auteur(e), Harriet Welty Rochefort, maintient un excellent site, understandfrance.org, qui essaye d'expliquer la France aux non Français (Américains de préférence), et ce dans les détails les plus poussés.

Elle aussi a fait l'anatomie d'une feuille de paye française et a trouvé comme moi que plus de 54% partait en fumée ! (sans compter l'impôt sur le revenu). Ne sois pas surpris, ami américain, dans notre nation soviétique s'applique le principe selon lequel l'argent c'est le Mal, et l'Etat c'est le Bien. Si tout le monde travaillait, ou si les gens gagnaient trop d'argent, le Mal s'étendrait, les riches s'enrichiraient, les pauvres aussi, et l'Etat, qui est le Bien, dépérirait, car les gens se passeraient de lui. C'est pour cela que l'Etat intervient, au travers des très-éclairés, très-honorables et très-puissants "énarques", élite du parasitisme pouvoir, qui sont la fierté de la nation.



Harriet W. Rochefort émet des opinions frappées au coin du bon sens sur les particularités "culturelles" du pays : les "avantages acquis" (en français dans le texte), le soi-disant "modèle social français", le "Service Public" (avec majuscules), l'anti-communautarisme, la laïcité... Avec un ton qui se veut objectif, ce qui n'empêche pas de temps en temps quelques piques bien senties, qui montrent qu'elle a saisi l'esprit général des Français :
In France, for moral standards, the equivalent of religion (as in the US) is the socialist philosophy.

Taxes have reached a point where people are really upset about them, and the French do not understand why the Americans complain the taxes they pay, considering they have such a low level of taxation!

Contrary to the Americans, the French love the State. The history of France is the history of the building of the state. Being a civil servant is an esteemed position. When something goes wrong, the first move is to ask the State to do something and all strikers demand the state to "do something".

The state has a word to say in many decisions in which it would not be involved in other countries : for instance, the period where bargain prices are legal ("les soldes") are decided by the "préfet" (i.e. the State). The reason is the belief that unregulated competition would lead some competitors to ruin and that the role of the state is to protect the citizen including against himself. It is absurd but it is a strong common value in France !

Bonnes vacances quand même !
 

15.7.05

Escrocs escroqués

Vaste escroquerie à la sécurité sociale :
Un homme de 40 ans a été interpellé la semaine dernière, à Paris, soupçonné d'une vaste escroquerie à la sécurité sociale consistant à revendre sous le manteau des médicaments indûment prescrits, a rapporté la police mercredi.
L'homme, un sans domicile fixe (SDF), toxicomane "d'habitude" selon l'enquête du GIR (Groupe d'intervention régional) et de la 2ème division de police judiciaire (DPJ) parisiens, avait usurpé une identité en dérobant des papiers.
Grâce à ce stratagème, il avait réussi à bénéficier de manière frauduleuse du RMI et de la Couverture maladie universelle (CMU).

Il a ainsi visité quelque 350 médecins en 2004 afin de se faire prescrire du Subutex, un substitut à l'héroïne, ou un médicament détourné pour se blanchir la peau, - très prisé par de jeunes africains -, qu'il a revendus à bas prix, selon la police, dans la rue et auprès de connaissances.

Le préjudice global est estimé, en l'état des investigations, à quelque 100.000 euros mais pourrait atteindre plus de 300.000 euros.

Que les voleurs soient volés pourrait prêter à rire, si en fin de compte ce n'était pas de notre argent qu'il s'agissait.

Si l'avocat du prévenu est un tant soit peu malin, il peut invoquer à l'encontre de la CPAM son absence de qualité à agir. N'ayant plus de personnalité juridique, car non immatriculée au registre national des Mutuelles prévu à l'article L411-1 du code de la Mutualité, elle n'a pas qualité à agir en justice (les indépendants qui quittent la SS jouent là-dessus avec succès ; voir aussi à titre d'exemple ce jugement). Mais tout le monde n'est pas maître Eolas, virtuose du droit pénal...

Toujours à propos d'escrocs, ça n'a rien à voir (ou presque), mais je recommande à ceux qui ne sont pas encore dégoûtés par les politiciens français de lire ce texte : notre président représente dignement la France.
 

12.7.05

Les Tontons Flingueurs

Un lien signalé par un membre de notre forum : ne riez pas, amis libéraux qui me lisez, la SS fait partie des droits de l'homme.

Une page édifiante. Voilà la propagande soviétique dans toute sa splendeur (passée) : la sécu, "droit fondamental", avec une belle galerie non pas des stakhanovistes encartés au Parti, mais de tous les Tontons Flingueurs de la Sécurité antisociale : socialos, cocos, sociaux-démocrates, syndicalistes, qui ont monté cette arnaque, ce "Plan Français de Sécurité sociale" (sic), il y a 60 ans, pour "débarrasser les travailleurs de l'incertitude du lendemain" (resic). On y explique les divers exploits de notre nomenklatura énarchie au cours de cette grande marche en avant sociale, malgré "la résistance de certaines catégories socioprofessionnelles" (des koulaks et des petits bourgeois, sans doute, mais l'URSS annexe française veille).

- Je voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier, mais la vérité m'oblige à te le dire : ta Sécu commence à me les briser menu !
- Vous avez beau dire, y'a pas seulement que de la CSG, y'a aut'chose. Ça serait pas des fois de la CRDS, hein ?
- Si, y'en a aussi.
- Alors touche pas au grisbi, assujetti !

C'est curieux chez les esclavagistes ce besoin de faire des phrases... Mais les communistes, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît.

8.7.05

Faillite 2012

D'après Natexis, la dette publique de la France, si elle continue à gonfler à ce rythme, atteindrait 80% du PIB en 2012.
Marc Touati, contredisant notre ministre des Finances du Déficit, le précise bien : "Ce n'est pas la France qui vit au dessus de ses moyens, c'est l'Etat".
On n'aura pas, en tous cas, à supporter la gabegie sportive de Paris 2012, merci au CIO !

Et consolons-nous en pensant que le jour de notre délivrance annuelle s'approche : c'est le 16 juillet, d'après le Cri du Contribuable numéro 4 (3,5€, dans tous les kiosques - je reparlerai forcément de ce numéro du Cri, qui nous apporte notre lot trimestriel d'horreurs fiscales).
 

1.7.05

Voler, c'est mal

Est-ce que voler de l'argent volé est encore voler ? Oui, certes, mais le mauvais exemple vient de plus haut. Etre recéleur toute sa vie encourage à devenir voleur.

L'employée de la Sécu qui a détourné 590.000 euros a donc des excuses. On ne peut pas travailler dans un organisme de racket protection sociale à la française sans y laisser son éthique. Et les circuits du blanchiment vous noircissent l'âme.

L'histoire ne dit pas si l'employée indélicate aura eu le temps de remettre l'argent volé dans les circuits économiques (qu'il n'aurait jamais dû quitter). En se payant, elle aussi, un voyage en Chine...